C’est l’heure du bilan. D’habitude, on fait le point en fin d’année, en décembre. Mais finalement, juin et notamment le solstice d’été, sont aussi un moment où il est intéressant de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur.
Il y a plus d’un an, je courais la course BMO avec beaucoup d’espoir et de recul. J’avais acquis un recul me permettant de me donner entière au moment et au fait de faire partie d’un tout. Depuis, cette unité a été soumise à bon nombre d’épreuves et hélas, mon attention s’est recentré, fort malheureusement, sur mes luttes internes.
Depuis, une alternance d’évènements heureux comme la venue de mon frère (la toute première personne à me rendre visite à Vancouver depuis que j’y habite, soit 4 ans) par exemple et d’évènements moins réjouissants, sur lesquels je ne peux m’étendre, m’a fait un peu perdre le fil et ne plus savoir sur quel pied danser. J’essaie de me raccrocher aux moments précieux et beaux du passé mais j’ai l’impression qu’ils pâlissent dans ma mémoire au point que je doive relire sur ma vie passée, revoir des photos pour me dire que j’ai bien vécu cette vie-là. Pour la première fois de ma vie d’adulte, j’ai la même adresse sur une période très longue pour moi : 4 ans. La moyenne a plutôt été d’un à maximum un an et demi sur la majeure partie de mes pérégrinations hors du foyer parental.
Une fois de plus, j’ai l’impression de me créer ex nihilo. J’essaie de raccorder des wagons en vain, de trouver des traits d’union dans mon identité, de les créer comme on essaie de saisir une brume pour faire une sculpture. Je ne tente même plus créer; je sens la source tarie, je n’ai pas le temps, je n’ai plus d’énergie.
Depuis plusieurs mois, je me sens comme un golem avec malfaçons; je prends forme, j’essaie d’accomplir la tâche ordonnée puis je me désagrège, avant de me reformer puis de me désagréger à nouveau.
Des problèmes de santé vont et viennent comme la marée, des attentes administratives sans fin me tourmentent comme des harpies, des failles ouvertes par la thérapie (mais il le faut bien pour guérir à long terme) ouvrent parfois la terre sous mes pieds et mille difficultés pour avoir une routine sportive décente (alors que l’année dernière, tout était parfaitement huilé et constant) me désespèrent.
Cependant, dans ce terrible maelstrom, j’ai la chance d’avoir la constance de mon compagnon, toujours là à me soutenir.
Mais actuellement, j’ai perdu le goût comme ils disent. Avant, l’étincelle venait tout de suite, comme une allumette qu’on craque. Aujourd’hui, je suis seule avec ce son d’abrasion, de magie perdue, sans feu dans une solitude glacée. Je n’arrive plus à trouver la joie d’avoir aidé un ou une inconnue, d’avoir tenu une porte, d’aider autrui sans rien attendre en retour. Je n’attends rien, je ne veux pas être dans des relations transactionnelles mais je déplore simplement de ne plus avoir cette magie de l’abandon (il y a don dans abandon).
Je crains l’amnésie existentielle; de ne plus me souvenir de qui je suis, de ce que j’ai fait et d’errer dans le monde, comme ce monsieur dont je m’occupais, victime d’une AVC, qui avait vécu une vie riche mais qui avait basculé dans le présent total, avec pour seules traces des cartes postales jaunies dans son appartement. Peut-être que cette rencontre était un signe annonciateur de ce qui m’attendait aujourd’hui, de cette pente vers la perte de mémoire. Je n’ai plus de personnes physiquement autour de moi pour me rappeler ce que j’ai vécu, des personnes avec qui j’ai partagé ces moments et ces aventures. En quelque sorte, je suis déjà passée dans un autre monde, celui des spectres, avec cette identité et cette mémoire qui pâlissent.
Mais j’essaie de ne pas oublier le goût de la résilience. Elle m’apparaît comme une gourde dans le désert; je parvenais à déguster cette eau fraîche dans mes traversées difficiles, ne laissant que quelques gouttes humecter mes lèvres séchées par un vent de détresse. Mais me reste-t-il de l’eau aujourd’hui ?
Ce nouvel épisode aborde la suite de mon voyage en Malaisie, mon retour à Vancouver et la course pour de bonnes causes.
Retournons donc quelques semaines plus tôt, en Malaisie...
Retrouvailles poétiques
Le décalage horaire a parfois du bon. Mes yeux étaient grand ouverts depuis 4 heures du matin. J’écoutais la quiétude de la nuit, bercée par le ronronnement du ventilateur et le chant des insectes nocturnes. Je sais que viendra bientôt mon moment favori de la journée : le lever du soleil. C’est si beau d’entendre le monde s’éveiller, les oiseaux initier les actions, le ciel faire glisser la couverture de la nuit, constellée des dernières faibles étoiles au firmament. Tout est calme et les mondes transitionnent.
Je suis partie faire un jogging dans le coin et c’était magnifique. Il faisait encore nuit et j’ai entendu le premier appel à la prière. Les parfums capiteux des jasmins, frangipaniers et autres fleurs emplissaient l’air. Il y a toujours un premier oiseau qui chante, avant qu’un autre lui réponde, puis que les autres types d’oiseaux engagent eux aussi des conversations matinales. J’ai l’impression que des singes se joignent parfois à cette chorale animale. J’adore écouter les chants complexes des oiseaux. Il me semble que ce sont des chants ancestraux, des histoires mythiques sur la fragilité et la beauté de la vie, les retrouvailles, la beauté du monde et l’amour. En Australie, je me souviens de ma famille qui me disait : « Les premiers jours, on est émerveillés puis au fil du temps, on aimerait bien qu’ils se taisent ! ». On sous-estime ces ténors...
La floraison artistique
L’art est en train de prendre une place plus importante dans ma vie. Je réalisais récemment (le 31 mars dernier), qu’il y a un an, j’étais sur scène pour le projet « De la plume à la scène » à La Boussole, pour cette unique représentation. Aujourd’hui, je prépare une autre pièce avec Magda Ochoa. Je ne peux pas trop en dire mais après une phase d’adaptation à six mains, je vais devoir apprendre mon texte pour être prête pour fin septembre. J’ai une grande chance de pouvoir à la fois travailler pour donner la chance à d’autres de faire du théâtre-forum et de moi-même continuer à faire de la scène.
Je vais aussi continuer la musique avec mes deux acolytes musiciens, Daniel et Massimo. Nous jouons les morceaux originaux de Daniel et les miens que Massimo arrange. Nous avons fait une scène ouverte et c’était la première fois que je jouais en trio sur scène. Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas refait de scène en tant que musicienne et j’étais quand même très stressée. Il faut dire que j’ai déboulé quelques minutes avant qu’on nous avertisse que c’était notre tour. Nous avions pu faire seulement deux chansons. Ca allait sur celle de Daniel mais sur la mienne, assaillie par le trac, j’allais un peu plus vite et je me suis plantée à un moment. Heureusement, Daniel et Massimo m’avaient sauvé la mise et ça ne s’est pas trop entendu.
Nos répétitions me donnent beaucoup d’énergie, même si elles m’en prennent aussi.
La langue
En arrivant, j’étais autant émue par la chaleur enfin retrouvée que le Bahasa Malaysia sur les panneaux de signalisation et publicitaires. Je n’ai pas été en contact très longtemps avec cette langue, tout comme avec le Malagasy, mais ce sont des langues très proches de moi, des langues de coeur, des langues d’adoption. Je me suis sentie plus qu’accueillie dans ces pays, je me suis sentie chez moi, intégrée pour de vrai, absorbée telle qu’elle. On a pris Nathalie comme elle est : réunionnaise, française, bizarre, unique, artiste, drôle, humaine. J’imagine bien que les expériences de chacun sont différentes et que j’ai sans doute eu de la chance mais je ne parle que de ma perspective, je l’avoue.
Je suis heureuse de comprendre la majorité des interactions basiques en Bahasa malaysia. C’est comme un écho de ma vie précédente, lorsque je vivais en Malaisie en 2019...
J’aimerais beaucoup apprendre le cantonais pour mieux communiquer avec ma famille mais c’est un objectif pour l’année prochaine.
La gratitude
J’ai éprouvé énormément de bonheur en Malaisie. J’ai pris du recul sur ce bonheur et à mon avis, je le dois aussi aux autres. Bien sûr, je suis le moteur de tout ça mais on évolue au contact des autres.
Je reprends des forces pour pouvoir aider les autres.
Escapade chez les coupeurs de tête et correspondance culturelle
Nous avons fait un tour au centre culturel Mari-Mari et c’était une très belle expérience. Niché dans une jungle luxuriante, ce centre culturel permet de découvrir tout au long d’un parcours les coutumes et les cultures des différentes tribus présentes dans la région de Sabah, sur l’île de Bornéo.
La végétation m’a clairement rappelé les Seychelles. Les arbres sont grands, contrairement à la Réunion balayée par les cyclones et où la végétation a du se densifier pour résister aux assauts des vents puissants. Les feuilles des arbres sont aussi très grandes. Un petit ruisseau coulait et faisait entendre un son de carillon.
C’était bien fait, pas condescendant ni colonialiste et mettait bien en valeur les traditions locales. Ça m’a rappelé les expériences culturelles maori en Nouvelle-Zélande (la meilleure approche que j’ai vu pour l’instant). Evidemment, il y a aussi des similitudes culturelles tout autour de l’océan pacifique.
Quelques éléments dans les huttes ont aussi encore une fois validé les théories que j’avais lu sur les voyageurs malaisiens arrivant à Madagascar. Nous avons en commun, non seulement la nourriture mais de l’artisanat : j’ai vu un bertel (nom réunionnais d’un sac à dos tressé), des vans (nom réunionnais de paniers ronds tressés) et des objets en rotin (appelé ratan en Bahasa Malaysia). C’est beau et émouvant de se dire qu’on est tous liés à ce point.
Nous avons expérimenté un trampoline traditionnel, uniquement fait des branches et de rotin. Le petit groupe d’étrangers que nous étions s’est pris la main et a d’abord appuyé plusieurs fois en cadence avoir que tout le monde saute dans les airs après un décompte. Quand on expérimente ce simple « jeu », on sent pourtant la cohésion du groupe. Nous montons tous ensemble dans les airs pour essayer d’attraper un objet fixé au plafond. Symboliquement parlant, c’est très fort.
C’était aussi très symbolique d’entendre notre guide parler de la lame utilisée pour couper la tête des ennemis et de nous en montrer une. Il nous a expliqué que chaque trou dans la lame signifiait le nombre de têtes tranchées par cette même lame; elle en comptait huit. Je pensais que les trous fragiliseraient la lame, mais mon compagnon m’a expliqué qu’au contraire, la région autour de celui-ci n’est que renforcée. Ça me fait penser au kintsugi.
Lien maternel marin
Malgré la présence de méduses, apparemment quasiment mortelles pour certaines, j’ai retrouvé l’eau cristalline de la mer. J’étais tellement heureuse d’enfin nager avec les poissons. C’est mon berceau. J’ai une relation très charnelle avec l’océan.
Mon compagnon m’a avoué être venu avec moi mais ne pas être totalement à l’aise dans cet élément. Pour moi, être dans l’eau, c’est être en sécurité. Etre dans la mer, c’est être dans mon élément, c’est être l’élément, être la mer elle-même. J’étais sans doute un animal marin dans une vie antérieure. Bien sûr, les coraux sont un peu sombres parfois et peuplés de créatures mais c’est plus fort que moi, je dois aller les voir, nager (pendant des heures si possible), flotter, explorer les lagons, entendre des sons de l’extérieur absorbés et entendre les poissons croquer les coraux, entendre le clapotis des vagues sur la plage, être ballottée par elles.
La sensation du sel sur ma peau m’a ramenée à mon enfance, à ces dimanches à la plage, au sable doux sous mes pas dans l’eau, à ces sorbets après un bon bain obtenus en courant derrière le camion de glaces à la musique aussi hypnotisante que le chant des sirènes.
Fin des vacances...
Je termine l’écriture de cet article alors que les vacances s’achèvent. C’était de belles retrouvailles après plus de trois ans. J’ai pu reconnecter avec la nature et ma famille. Encore une fois, je sais que j’ai beaucoup de chance et je pense à ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux pour mille raisons. Je veux leur envoyer mon amour.
... et retour à Vancouver
Le retour n’a pas été aussi brutal que je le pensais. Je retournais vers des personnes que j’apprécie, que j’aime, vers un emploi que j’apprécie beaucoup et une routine agréable.
Je suis revenue avec beaucoup d’énergie solaire en moi, prête à la partager avec tout le monde.
La course BMO
J’ai fait la course BMO récemment. Je détestais courir avant, surtout dans des pays au climat tempéré car l’air froid entrant dans mes poumons me faisait l’effet de mille aiguilles dans les poumons.
Puis, je me suis dit que je devrais essayer des choses que je n’aimais pas ou que je n’avais pas l’habitude de faire. Courir était donc en haut de ma liste. Puis, j’étais curieuse de voir ce que ça faisait de faire partie d’une course. Je dis bien faire partie de et non, courir contre, me battre contre. Je voulais faire partie d’un tout. Je n’ai pas été déçue.
Je voulais m’entraîner sur au moins deux mois mais entre un emploi du temps un peu chargé et des vacances où je me suis vraiment détendue, courir n’était pas la priorité. J’y suis donc allée avec un entraînement vraiment minime. J’allais courir de temps à autre en salle, sur une elliptyque, histoire de préserver mes articulations.
La veille de la course, je suis allée chercher mon dossard et mon t-shirt et j’étais vraiment très surprise que c’était déjà comme aller dans une fête. Bien sûr, il y a l’aspect commercial : on veut vous vendre les équipements dernier cri, les meilleures barres céréalières et autres chaussettes promettant monts et merveilles. Mais au-delà de ça, il y a aussi des organismes qui montrent d’autres choses : les différentes destinations marathoniennes, des organismes de charité...
Cette course existe depuis 1972 et attire des milliers de participants. On a le choix entre trois courses : le marathon (donc 42,2 kms), le semi-marathon (21,1 kms) ou le 8 kms. On peut courir en individuel ou en équipe et on peut même courir pour un organisme de charité listé sur leur site.
Avant la course, j’avais du temps et j’ai joint la foule qui était allée encourager les inconnus courant le semi-marathon. Je trouvais ça fort de donner du courage à des personnes qui se donnent sans que nous nous connaissions.
Sur la ligne de départ, l’ambiance était très bonne, loin de la compétition pure et dure.
L’image d’un homme tenant un panneau avec les mots « Remember your « why » (Souvenez-vous de la raison pour laquelle vous courez, votre « pourquoi ») reste gravée en moi. Evidemment, j’ai pensé à mon « why » et à ce moment, je me suis dit : je vais courir pour les personnes qui ne peuvent pas faire cette course et pour les personnes que j’aime. Ces mots ont été joués en boucle dans ma tête.
Assez ironiquement, lors des premiers mètres, un itinérant, assis à côté de son vélo et de ses sacs, nous regardait passer... Tout aussi absurde que l’image de bus scolaires oranges, ces navettes prêtes à nous emmener et de cet homme, itinérant, couvert d’un duvet, avant des brochures de nouveaux condos et développement immobilier autour de lui.
Donc ça m’a vraiment fait pensé à mon « why », au fait que je veux courir pour quelque chose, que quand je vis et que je travaille, je le fais pour une cause : autrui.
J’aurais pu courir contre ou pour moi-même et je l’ai sans doute fait, courir contre mon temps, contre des chiffres mais au final, à quoi ça rime ? Pourquoi courir contre quand on peut courir pour ? Le fait de mettre du sens, d’être concentrée sur mes messages intérieurs, de me repasser les noms des personnes que j’aime, puis à un moment, je suis arrivée en moi à un moment que j’ai vécu aux Seychelles, le « sauvetage » de mon père. Je le mets entre parenthèses car ce sont ses mots, pas les miens. Pour moi, je devais juste le faire. Je me suis dit : repense à ce moment où tu as du agir, garder ton calme et bien respirer, te dire que tu peux le faire, sans pression, sans forcer, tu peux nager.
J’ai apprécié être dépassée, voir les personnes marcher, ni me sentant jamais supérieure ou inférieure mais faisant partie du tout, comme un poisson dans un banc de poissons.
Sur la fin, j’avais le soleil dans les yeux et pas mes lunettes de soleil. J’ai voulu pousser, j’ai accéléré un peu pour passer la ligne d’arrivée. J’ai failli me casser la figure sur une petite borne séparant les arrivées de 8kms et du semi-marathon mal balisée. Puis je me suis arrêtée d’un coup, ne pouvant pas continuer ma foulée et j’ai vraiment failli vomir. Cet arrêt trop brutal pour mon corps m’a fait prendre conscience que j’avais demandé beaucoup à mon corps, que c’était ok mais qu’il ne fallait pas non plus pousser.
Puis on m’a remis une médaille pour avoir participé mais ce que je vois en la regardant, ce sont les messages que j’ai eu à ce moment : courir pour les personnes qui ne peuvent pas et ceux que j’aime.
Je recommence à écrire un 1er avril. Ca pourrait être une blague mais non, je reprends le fil de mon blog adoré, laissé longtemps en jachère en raison de mille questionnements que je ne voulais pas asséner comme des coups de bambou à mes lecteurs.
Me voici à l’aéroport de Vancouver, prête à quitter cette ville, quasiment trois ans et demi après. Trois ans de pause dans mes voyages incessants, détentrice d’une terrible empreinte carbone avec mes vols autour du monde. Pour ma défense, j’ai voyagé dans le but de m’établir quelque part, à la recherche d’une terre fertile pour m’enraciner quelque part. Evidemment, j’ai croqué à pleines dents les nouvelles expériences, les nouvelles découvertes et surtout les nouvelles rencontres dans les contrées lointaines. Lointaines les unes des autres, lointaines de mon chez moi, puis j’en suis venue à me demander quel était mon chez moi, puis mon chez moi est devenu des personnes, puis finalement une petite partie en moi-même lors que la dépression a créé un silence assourdissant dans ma tête et dans mon corps.
Le pivot
Me voici donc à un nouveau moment où tout bascule, un pivot magnifique et vertigineux. Après trois et demi d’expériences inédites car je n’étais jamais restée aussi longtemps au même endroit aussi longtemps depuis mon enfance, c’est l’heure d’une sorte de bilan, de coup d’oeil dans le rétro.
Je ne reviendrais pas sur la dépression, sur l’envie de me jeter d’un pont car finalement, c’était un épisode que je reconnais, que j’accepte et qui m’a permis de grandir. Je préfère offrir à mes lecteurs le récit de cette aventure excitante et extrêmement enrichissante qu’est mon emploi à La Boussole.
Le théâtre-forum à La Boussole
Je m’épanouis dans mon poste de coordinatrice de projet de théâtre-forum. Ce théâtre d’intervention sociale est un puissant outil pour faire réfléchir, sensibiliser et donner le pouvoir aux victimes d’inégalités sociales. C’est un travail délicat avec beaucoup de responsabilités. Je me sens au service d’une cause plus grande que moi et du coup, j’oublie beaucoup de freins. L’ego n’est pas au volant, la peur de ne pas être assez bien, de ne pas être à la hauteur ou de ne voir à l’écran sont mises en sourdine pour laisser mon envie, la mobilisation de différentes compétences acquises lors d’expériences totalement différentes.
Et puis je travaille avec une superbe équipe, avec des intervenantes extra, avec des bénévoles fantastiques et des participants très engagés.
Bien sûr, cet exercice théâtral remue et même choque par les thématiques qu’il aborde. Les inégalités sociales sont encore trop répandues et surtout, trop banalisées. Mais ces moments difficiles offrent aussi l’opportunité pour les personnes touchées de sensibiliser le public et de donner des éléments pour s’adresser correctement à une personne par exemple ou à changer d’attitude et devenir plus respectueux.
Retour à l’habitat naturel
Depuis le hublot d’avion, en voyant la lumière, quelque chose en moi a été très ému de retrouver cette ambiance. Je savais que dans les prochaines minutes, mon corps allait retrouver cette moiteur équatoriale si dense que certains haïssent et que j’aime tant, cette lumière crue, cette brise attendue lorsqu’il fait trop chaud, ce soleil brûlant sur ma peau. Je me sens comme un poisson qui retrouve l’eau, surtout celui qui s’enfouit dans le lit des rivières asséchées et qui attend le retour de la crue. Je me sens comme ces tulipes et autres fleurs de printemps s’épanouissant aux premiers rayons de soleil et aux températures clémentes.
Le trajet vers la ville m’a rappelé l’île Maurice avec cette conduite à gauche et cette végétation tropicale. Les motocyclistes m’ont rappelé pêle-mêle Maurice et Madagascar. Toutes mes précédents voyages s’entremêlent avec le temps.
La Malaisie est loin d’être juste une destination de vacances au soleil pour moi; c’est un retour vers tellement de choses. C’est un retour à un _ parmi plusieurs _ tournant dans ma vie. C’était la première fois que je ne préparais pas un voyage, que je voulais me laisser surprendre et me laisser vivre un peu. C’était aller voir, sans le savoir, une énième version des racines du peuplement de la Réunion, une énième version de mes racines.
Ce matin, à l’appel du muezzin, des chiens du quartier hurlaient en coeur. Ce témoin des cohabitations des différentes communautés (nous sommes dans une communauté majoritairement chinoise et chrétienne et le Ramadan est fêté par la communauté musulmane) me ramène à la Réunion où il est normal de respecter la confession de ses voisins. Evidemment, que ce soit à la Réunion ou en Malaisie, il y a toujours des accrocs parfois mais dans l’ensemble, les choses se passent plutôt bien.
Autant j’apprécie ce retour à la chaleur et aux conditions de vie « normales » pour la réunionnaise d’origine que je suis, autant j’ai le temps d’apprécier ma vie et surtout mon travail à Vancouver. Avant de découvrir le sens du mot « community » (je le laisse en anglais car son sens change en français), je souffrais du jugement qu’on posait sur moi; Nathalie est « trop gentille », « tu vas te faire avoir à tout le temps être comme ça », et probablement dans mon dos, Nathalie est une « bonne poire ». Lorsque je suis entrée en contact avec le concept de « community centre » (centre communautaire), tout a fait sens et je me suis enfin sentie à ma place. Oeuvrer pour la société, pour le bien commun, en offrant un accueil inconditionnel; voilà enfin ce que je peux faire et qui je suis.
Je suis enfin relancée dans le processus d’écriture et ma prochaine publication abordera mes projets artistiques adjacents prévus pour l’été et l’automne.
Les inconnus qui vous parlent dans la rue
Nous étions en train de déguster un savarin lorsqu’une dame se mit à nous parler. La conversation fut enclenchée par un « Ah oui, c’est bon ça ! » Cette dame incroyable nous a fait voyager en nous racontant qu’elle était archéologue spécialisée dans les maladies anciennes. Mais que son vrai rêve non-accompli aurait été d’être volcanologue. Elle avait même une app sur son téléphone pour suivre l’activité volcanologique autour du monde en temps réel. Nous avons eu droit à une véritable conférence de cette habitante de l’île de Vancouver, apparemment régulière de ce salon de thé de Vancouver. Elle nous a ainsi révélé qu’elle était originaire d’Europe, qu’elle avait habité, entre autres, le Japon et qu’elle était veuve.
Les gens nous parlent, les gens me parlent. C’est incroyable comme ils se livrent. Savent-ils que je respecte leur parole ? Que je ne révèlerai jamais rien qui puisse les mettre en porte-à-faux ? Qu’ils peuvent me faire confiance ? Est-ce pour cela qu’ils se livrent si naturellement à moi ?
Je m’en suis fait le serment lorsque j’ai embrassé la carrière journalistique. Il était crucial de faire ce pacte avec moi-même. Je pense que je portais en moi avant même le tournant journalistique d’ailleurs. Et je n’oublierai jamais une dame dont je m’occupais à Paris, lorsque je faisais de l’aide à domicile.
Pas commode, elle m’avait même accusée de lui avoir volé de l’argent en allant faire des courses. Je pense plutôt que son boucher m’a bien roulé mais bref, je lui ai rendu la différence. Je ne sais pas vraiment si c’était personnel, si elle ne m’aimait pas, si elle n’aimait pas ma couleur de peau, si elle n’aimait pas ou plus les gens, et finalement, peu importe car elle m’a fait vivre un moment important et c’est ça le plus important.
Alors que j’étais partie faire ses courses, que je rentrais haletante d’avoir monté je ne sais combien d’étages avec mon chargement, elle m’avait demandé de m’assoir un instant. Et elle s’est livrée. Elle m’a raconté son arrivée difficile à Paris pour une fille de province. Elle m’a raconté des étapes difficiles de sa vie. Je sentais comme un relâchement dans son attitude. Pas sympathique mais il fallait qu’elle se livre à ce sujet.
Le lendemain ou deux jours plus tard, j’ai appris son décès par mon employeur. J’étais et même en écrivant aujourd’hui ces mots, je suis sincèrement émue. Peut-être soulagée pour elle, qu’elle ait pu se confier à quelqu’un à ce sujet avant de partir.
Puis il y a cette dame sur le quai du Skytrain, qui commença de la même façon, sur un sujet anodin, la présence de travaux qui annulaient les trains à partir de 23h30. Cette dame philippine m’a alors proposé de m’assoir près d’elle pour continuer la conversation. J’ai alors appris qu’elle travaillait à l’hôpital et qu’elle souffrait des genoux. Elle disait être habituellement timide mais qu’après l’expérience du confinement (pourtant léger à Vancouver comparé àau reste du pays et à d’autres pays), elle trouvait finalement agréable de discuter comme ça avec quelqu’un.
Elle m’a aussi demandé si nous nous étions rencontrés auparavant. C’est drôle car cette question m’est revenue dans beaucoup d’endroits et de pays différents : un jour à Paris dans un supermarché, un autre à la Réunion et encore un autre, en Australie. C’est drôle de souvent ressembler à une connaissance, quelque soit l’endroit, quelque soit la langue.
Les conversations dans le Skytrain
L’autre jour, Yew Meng et moi étions dans un Skytrain moyennement rempli. On a pu entendre dans nos dos, une conversation entre deux jeunes qui avaient, devant toute évidence, leur premier rendez-vous amoureux. Ce lieu était assez singulier pour ce type de discussion.
Nous écoutions les questions et réponses, un peu raides de ces nouveaux tourtereaux. Il y avait quelque chose d’assez mécanique dans l’échange, peut-être dû au stress et à l’émotion. Les questions allaient d’un simple intérêt pour une couleur ou pour le pain (non, aucun d’eux n’était pourtant français) à des questions beaucoup plus intimes et coup de poing pour un premier rendez-vous : Parles-tu facilement de tes émotions ?
Pourquoi je travaille sur un podcast
Le son est important pour moi. Quand on y réfléchit, l’apparition du téléphone a créé, au moins pour ma génération et les précédentes, un lien très important avec le son. On pouvait percevoir des tons, c’était une belle symphonie de silences, de bruits dans le fond, de prosodie.
Aujourd’hui, certains sont terrifiés à l’idée de répondre à un appel téléphonique et se réfugient derrière chats et autres messageries instantanées. Ce monde où seules les notifications animent l’atmosphère, quand le téléphone n’est pas sur vibreur, est sujet à tellement de malentendus, de mauvaise interprétation. Il l’est aussi parce que le vocabulaire y est très pauvre. Je lisais récemment « 1984 » de George Orwell (oui, vous pouvez me clouer au pilori pour avoir attendu si longtemps pour le lire) et la novlangue est là. Je suis pourtant partisane du camp de l’évolution de la langue : elle évolue. Mais elle perd tout de même des mots et du coup, du sens au passage.
C’est étrange dans un sens car la technologie est de plus en plus avancée pour qu’on se voit, qu’on s’entende mais socialement, nous nous renfermons de plus en plus, on refuse l’image, la voix au profit de messages digitaux froids. Au moins, les petits mots griffonnés sur du papier à l’école laissaient une trace plus personnelle avec l’écriture manuscrite.
L’atelier de gamelan
Publik Secrets, un collectif d’artistes, a organisé un atelier de gamelan dans le cadre du festival ExplorAsian. Nous avons eu la chance d’y assister, dans le parc Hadden, non loin de la plage de Kitsilano. Cet instrument m’a toujours fasciné.
Le gamelan est originaire de Bali et d’Indonésie. Son son est produit par une frappe sur des cylindres soit métalliques soit en bois. On ne peut pas en jouer de façon isolé, il fait partie d’un ensemble. Les autres instruments de l’ensemble sont des percussions, des gongs et autres instruments dont je ne peux pas parler, n’étant effectuer qu’un atelier de découverte.
Les artistes Robyn Jacob et George Rahi nous ont présenté les instruments et nous ont montré comment en jouer avant que nous nous exécutions. Nous avons appris une suite simple. Quelque chose de très organique s’est passé en moi. Ces vibrations étaient très douces et puissantes à la fois. Ce son était relaxant et hypnotique : j’étais totalement absorbée par le son et le moment. Bien sûr, il devait y avoir de la concentration pour ne pas se tromper mais au-delà de ça, l’expérience m’a menée un peu plus loin que ça. A force de répéter cette suite simple, j’ai commencé à effectuer un petit balancement de mon corps : c’était comme le reflux des vagues, comme une brise qui anime un feuillage. Il y avait un mouvement doux en moi.
Puis nous avons joué la suite en doublant les frappes et en variant le volume. Nous avons alterné le murmure et la présence, le bruissement et le rayonnement. J’ai senti ce pour quoi j’aime la musique : le côté organique des instruments. Pour moi, rien ne vaut la pratique d’un instrument organique, qu’il soit de bois ou de métal et plus que tout, rien ne vaut un concert en chair et en os devant ces artistes jouant de ces instruments. Évidemment, ça ne m’empêche pas d’apprécier les basses bien lourdes d’un bon morceau de métal.
Nous sommes restés dans la zone, invités à assister à la répétition de l’ensemble. C’était d’une beauté intemporelle, c’était un conte musical, c’était une peinture animée avec des sons. On peut voir les sons si on se concentre bien. Des couleurs mais aussi des formes. Là, c’était une peinture avec beaucoup de profondeur, plusieurs plans et des actions incroyables. Certains motifs me faisaient vraiment penser aux motifs utilisés sur les tissus de la région (Indonésie, Bali et Malaisie) : il y avait comme une rotation, semblable aux feuilles qui s’enroulent.
À cet instant, j’ai eu l’impression que tout était un tissu : la musique, la communauté, le temps... Des fibres qui s’entremêlent.
J’ai commencé la musique en jouant à l’oreille, sur un petit piano pour enfant. J’ai eu la chance d’avoir un an de cours avec un très bon professeur et d’apprendre la musique classique. Il était assez souple et bon pédagogue : il me proposait de transcrire les musiques j’aimais (donc le rock) au piano pour que je puisse les jouer. Puis j’ai rencontré Dominique Amouny, extraordinaire professeur de musique carnatique. Il a mis en musique l’une de mes chansons. Mais surtout, il m’a fait découvrir le chant indien et les quarts de ton que j’affectionne.
J’étais très heureuse que les gens s’arrêtent, écoutent, absorbent cette musique. Certains prenaient des photos et des vidéos, applaudissaient à la fin du morceau. J’étais heureuse de voir l’intérêt du public pour l’art, pour une musique si belle et si différente, de voir cette soif de culture et de partage, cette écoute du pouls humain à travers la musique.
La pandémie a finalement bien stimulé mon activité artistique : deux représentations théâtrales dont une incluant l’une de mes chansons et la mise en musique d’un poème qui n’est pas de moi. J’avoue que je suis la première surprise ! Et apparemment, ce n’est que le début...
De la plume à la scène - un voyage en temps de pandémie
Ce projet de mise en scène d’échanges épistolaires entre adultes francophones vivant des situations difficiles et élèves apprenant le français dans une école de Vancouver (sous couvert de l’anonymat) m’a mené à incarner une mauricienne, à jouer ma propre musique, à mettre en musique les mots de quelqu’un d’autre et à assister dans la mise en scène. C’était incroyablement intéressant et je dirais même que je me suis carrément dépassée. Je ne m’attendais pas à faire tout ça et surtout à être tout simplement capable de le faire !
Magda Ochoa, notre metteuse en scène, est comme une chef d’orchestre et nous sommes les cordes et les touches qu’elles actionnent pour créer une symphonie. C’est magnifique ! Pour moi, c’est une personne qui veut révéler le meilleur de ce qu’il y a en nous, le meilleur pour pouvoir incarner une émotion juste.
Nous avons fait salle comble pour notre unique date, le 31 mars, avec 100 spectateurs, au Studio 16 de la Maison de la Francophonie. Je suis très heureuse que ce projet ait été porté par La Boussole, un organisme que je chéris beaucoup pour ses actions destinées à la communauté.
Je me souviens d’avoir cherché des accords pour mettre le poème de cette personne, sur mon canapé. Le défi était qu’il s’agir de prose et donc, pour la ligne de chant, elle n’était pas évidente à dégager. Sur scène, j’avoue que j’ai perdu le fil à un moment et qu’il m’était difficile d’entendre l’autre musicien. Mais ce sont les aléas du métier, de la scène et apparemment, ça ne s’est pas trop entendu.
J’étais contente de sentir ma voix enfin « ouverte ». Depuis que je suis arrivée à Vancouver, j’avais l’impression que j’avais perdu de la voix, qu’elle était un peu recroquevillée, qu’elle sonnait moins. Mais depuis que je fais du yoga, j’ai l’impression qu’elle « coule » plus facilement. Il faut dire qu’on ouvre physiquement la poitrine et que ça doit aider la respiration par exemple. Je le remarque au « Om » qu’on chante en début et en fin de séance. Parfois, j’ai même l’impression de sentir des « dimensions » dans le chant. Je les sentais pour mes propres chansons lorsque j’expérimentais des sons plus gutturaux. Je pense que certains de mes lecteurs ne vont pas vraiment m’imaginer en tant de faire des sons gutturaux mais ça ne veut pas dire que je chante du heavy metal !
J’ai senti une communion avec les autres comédiens et toute l’équipe. Pour la technique, chapeau bas à l’éclairagiste qui nous a aidé deux jours avant et qui a accompli ce que nous souhaitions sur scène.
J’ai rencontré la personne que j’ai incarné sur scène et encore une fois, j’étais submergée d’émotion. C’est encore plus troublant car nous sommes reliées, un peu comme des soeurs, par la même racine, l’île Maurice. Une fois de plus, j’ai vraiment veillé à essayer de respecter au maximum la personne que j’ai incarné, à ne pas caricaturer quelqu’un pour reprendre les mots de notre premier rôle, Nunamata (Macy en vrai), bénévole de l’année à La Boussole.
Je me suis aussi prêtée au jeu de l’interview pour la chaîne WebOuest qui a fait un documentaire sur le projet. Ça me fera très bizarre de me voir en interview : d’habitude, c’est moi qui pose les questions !
J’étais épuisée sur plusieurs jours après la représentation mais tellement heureuse. C’est quelque chose d’intense, la scène. Le jeu et la musique sur la même scène, c’est encore une autre dimension.
Les reportages de Radio Canada sont en ligne pour la télé et en podcast.
L’ appel de la scène ?
C’est drôle comme les choses s’enchaînent parfois. Le jour de la représentation de « De la plus à la scène », j’attendais devant la salle de spectacle et il m’est arrivé quelque chose d’assez incroyable. Un restaurant est partage les locaux de la Maison de la Francophonie, au même titre que le Studio 16 où nous avons joué. Une famille est sortie du restaurant, la dame m’a souri et je lui ai souri. Nous avons alors engagé la conversation. Elle a remarqué ma guitare et m’a demandé si je serai intéressée d’être artiste solo pour un mariage sur l’île de Galiano ! Affaire à suivre...
Depuis ce spectacle, la personne que j’ai incarné s’est dite inspirée par le fait de me voir chanter sur scène et souhaiterait développer un projet de chorale. Après la pandémie, nous avons tous soif de rencontres et de partage dans le monde réel. Ce sera un projet sur les différentes communautés linguistiques de Vancouver (et du Canada) et je vais m’exercer à l’art difficile de l’écriture. Il faut bien commencer quelque part !
J’ai été contactée pour un autre projet dans une autre langue que le français et l’anglais. Ça a l’air très intéressant mais je ne peux pas trop en dévoiler pour l’instant !
J’ai aussi joué de la guitare avec un ami dans un parc, une pratique très vancouvéroise dès qu’il ne pleut plus (notez bien que j’aurais pu dire à l’approche des beaux jours mais un beau jour à Vancouver est un jour sans pluie, même si le temps est couvert et qu’il fait froid). C’était un très beau moment et nous allons essayer d’écrire ensemble des chansons en français.
Juge d’un concours oratoire
Je serai bientôt juge bénévole pour le concours d’art oratoire du Canadian Parents for French pour la région de la Colombie-Britannique et du Yukon. J’avoue que j’ai hâte d’être à nouveau en contact avec l’enseignement du français, même si c’est de façon indirecte.
J’ai rencontré une dame fort sympathique au Festival du Bois sur leur stand et j’étais heureuse de voir la littérature jeunesse francophone, me rappelant la mienne (notamment lorsque je vois des albums Glénat, me remémorant mes longues lectures absorbées à la bibliothèque lorsque ma mère prenait le temps de choisir ses livres). J’ai toujours aimé les bandes dessinées et je trouve qu’elles sont un médium parfois sous-évalué et sous-exploité dans le monde éducatif. En tant qu’adulte, je continue de me gaver de bandes dessinées et de graphic novels. Ce n’est pas pour rien qu’on nomme la bande dessinée le neuvième art.
Le plurilinguisme, une constante dans ma vie
Bien que j'ai été élevée dans une seule langue, le français, j'ai toujours été attirée par les autres langues très jeune. Bien que je n'y comprenais absolument rien, je chantais "en yaourt" sur les chansons auxquelles j'étais exposée à la maison (en anglais et en brésilien). Par la suite, j'ai eu la chance (on l'oublie trop en France) d'apprendre d'autres langues à l'école : l'anglais, l'espagnol et même un tout petit peu d'allemand.
À Paris, j'avais des amis bilingues. Puis quand j'ai commencé à voyager, les compétences de mes amis se sont aussi élargies. J'ai commencé à rencontrer des personnes capables de parler des langues très exotiques pour moi mais aussi à avoir la capacité à en parler trois ou plus...
Ça me fascine et j'espère bientôt m'enrichir moi-même en apprenant d'autres langues. C'est pour ça que l'un de mes prochains projets artistiques portera précisément sur cette thématique. Il faut montrer cette beauté !
Le Festival du Bois
J’ai fait un tour au Festival du Bois, un festival de musique francophone avec des artistes québécois. C’était une belle expérience après deux ans sans évènement de cette ampleur. J’admets que j’ai eu de la chance car en temps de pandémie, j’ai réussi à jouer dans deux pièces et à faire un festival ! Je sais que beaucoup de personnes vivent un confinement total et je ne les oublie pas.
Qui dit québécois dit forcément poutine, le deuxième amour de mon compagnon. J’avoue qu’elle était bonne. Il y avait aussi plus de plats traditionnels mais j’étais tellement pleine de poutine que je n’ai pas pu goûter le reste : une prochaine fois !
Je représentais le journal La Source lors de mon passage mais je suis bien sûr allée voir mes amis de La Boussole sur leur stand. C’était un dimanche très pluvieux et froid et ils étaient bien courageux sous cette tente. Heureusement, ils ont pu s’abriter sous le chapiteau principal par la suite.